Une opportunité en or s’est en effet présentée à la Jeannoise alors qu’elle était en quête d’un nouveau départ en 2021. « Comme ça, servi sur un plateau d’or, une infirmière d’Infirmia m’a proposé de me joindre au réseau. J’ai donc commencé à travailler à Chicoutimi pour le réseau. Pour faire court, Infirmia c’est une panoplie d’infirmières partout à travers la province qui offrent des soins de santé de proximité. Le concept me plaisait énormément », avoue celle qui s’est spécialisée en soins des plaies à l’Université de Sherbrooke en 2020.
Après un an dans le privé, l’infirmière sentait qu’elle était prête à se lancer définitivement dans le projet. « En janvier 2023, je suis officiellement devenue membre de la bannière en ouvrant mon propre bureau à Jonquière. C’était important pour moi de revenir à Jonquière parce que je trouve que tout est à Chicoutimi. C’est la grosse ville certes, mais je trouvais qu’il manquait de services à Jonquière et ça m’a motivé à revenir là où j’avais toujours travaillé », poursuit-elle.
Un long parcours dans le réseau public
Depuis la fin de ses études en 2007, celle qui est native de Saint-Gédéon en a vécu de toutes sortes. « J’ai toujours eu une soif d’apprendre. C’est pour ça que je ne suis jamais restée bien longtemps dans le même département. J’ai travaillé en orthopédie, en hémato-oncologie, en chirurgie, en angiographie, en chirurgie pour n’en nommer que quelques-uns », énumère-t-elle lors d’une entrevue accordée au Quotidien.
C’est cependant dans la division des soins à domicile que la bachelière de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) a trouvé sa niche, avant d’écrire un nouveau chapitre de sa vie.
« Je suis véritablement tombée en amour avec cette pratique-là. Ça me permettait vraiment de voir le patient, l’humain dans son entièreté. Il y avait une véritable proximité avec la personne. Ce qui me plaisait surtout, c’était d’être la seule professionnelle présente dans l’intervention », explique celle qui s’est établie à Jonquière.
Un système qui laisse à désirer, des mentalités à changer
Bien consciente de l’attitude négative de plusieurs en ce qui a trait à la place du privé en santé, Suzanne Côté en avait beaucoup à dire sur la « lourde machine » qu’est le système public, elle qui a passé 14 ans de sa vie au sein de ce dernier.
« Les coûts des consultations au public sont astronomiques, mais peu le savent. Les médecins et autres professionnels réclament à la Régie des sommes importantes. Juste pour l’ouverture d’un dossier à l’urgence, c’est près de 500 $ et avec ça, la personne n’a pas vu de médecin. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les gens, surtout en région, sont encore attachés à l’idée que la santé c’est gratuit, mais ce ne l’est pas. Si seulement les gens savaient l’argent qui se gaspille dans le public. »
— Suzanne Côté
Pour les détracteurs encore accrochés à leurs convictions, l’infirmière jeannoise avait cette réplique. « Ce que peu de gens savent, c’est que la vaste majorité de nos interventions sont couvertes par les assurances. À ça, s’ajoute le fait que le délai d’attente est beaucoup plus court. Ce n’est pas un service institutionnalisé, mais bien personnalisé que l’on offre. »
Dans la même lignée, en pointant les faiblesses du système québécois, Suzanne Côté continue de militer pour qu’une plus grande responsabilité soit conférée aux infirmières. « C’est encore très hiérarchisé. Tout vient d’en haut. Les initiatives et l’expertise de celles qui sont dans l’action sont loin d’être entendues. Il y a encore, à ce jour, un cadre rigide qui fait en sorte que la profession d’infirmière est trop limitée dans son pouvoir d’action », plaide-t-elle.