Infirmia

Un saut vers le privé par amour pour la profession d’infirmière

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Infirmière depuis 16 ans, Suzanne Côté se passionne pour son métier. Toutefois, avec l’exacerbation des mauvaises conditions de travail pendant la pandémie dans le réseau public, elle a décidé de faire le saut vers le privé. Une transition pour l’amour de sa profession et non pour une question financière, au contraire.

Une opportunité en or s’est en effet présentée à la Jeannoise alors qu’elle était en quête d’un nouveau départ en 2021. « Comme ça, servi sur un plateau d’or, une infirmière d’Infirmia m’a proposé de me joindre au réseau. J’ai donc commencé à travailler à Chicoutimi pour le réseau. Pour faire court, Infirmia c’est une panoplie d’infirmières partout à travers la province qui offrent des soins de santé de proximité. Le concept me plaisait énormément », avoue celle qui s’est spécialisée en soins des plaies à l’Université de Sherbrooke en 2020.

Après un an dans le privé, l’infirmière sentait qu’elle était prête à se lancer définitivement dans le projet. « En janvier 2023, je suis officiellement devenue membre de la bannière en ouvrant mon propre bureau à Jonquière. C’était important pour moi de revenir à Jonquière parce que je trouve que tout est à Chicoutimi. C’est la grosse ville certes, mais je trouvais qu’il manquait de services à Jonquière et ça m’a motivé à revenir là où j’avais toujours travaillé », poursuit-elle.

Malgré ce que la pensée populaire pourrait laisser croire, la transition du public au privé n’a pas été synonyme d’enrichissement pour Suzanne Côté. « Je fais pas mal moins d’argent que j’en faisais avant lorsque le gouvernement était mon employeur. C’est pour l’impact positif dans la société que je pratique, pas pour l’argent. Certes, il y a un tarif, qui parfois en surprend certains, mais je dois payer l’équipement et le bureau. Je dois aussi pouvoir vivre de mon travail», fait-elle valoir.

Un long parcours dans le réseau public

Depuis la fin de ses études en 2007, celle qui est native de Saint-Gédéon en a vécu de toutes sortes. « J’ai toujours eu une soif d’apprendre. C’est pour ça que je ne suis jamais restée bien longtemps dans le même département. J’ai travaillé en orthopédie, en hémato-oncologie, en chirurgie, en angiographie, en chirurgie pour n’en nommer que quelques-uns », énumère-t-elle lors d’une entrevue accordée au Quotidien.

C’est cependant dans la division des soins à domicile que la bachelière de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) a trouvé sa niche, avant d’écrire un nouveau chapitre de sa vie.

« Je suis véritablement tombée en amour avec cette pratique-là. Ça me permettait vraiment de voir le patient, l’humain dans son entièreté. Il y avait une véritable proximité avec la personne. Ce qui me plaisait surtout, c’était d’être la seule professionnelle présente dans l’intervention », explique celle qui s’est établie à Jonquière.

Suzanne Côté pratique notamment le dépistage du streptocoque, la cryothérapie et la cytologie à sa clinique.

Un système qui laisse à désirer, des mentalités à changer

Bien consciente de l’attitude négative de plusieurs en ce qui a trait à la place du privé en santé, Suzanne Côté en avait beaucoup à dire sur la « lourde machine » qu’est le système public, elle qui a passé 14 ans de sa vie au sein de ce dernier.

« Les coûts des consultations au public sont astronomiques, mais peu le savent. Les médecins et autres professionnels réclament à la Régie des sommes importantes. Juste pour l’ouverture d’un dossier à l’urgence, c’est près de 500 $ et avec ça, la personne n’a pas vu de médecin. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Les gens, surtout en région, sont encore attachés à l’idée que la santé c’est gratuit, mais ce ne l’est pas. Si seulement les gens savaient l’argent qui se gaspille dans le public. »

—  Suzanne Côté

Suzanne Côté était frustrée de voir que la quantité des services primait sur la qualité de ceux-ci lors de ces dernières années dans le système public.

Pour les détracteurs encore accrochés à leurs convictions, l’infirmière jeannoise avait cette réplique. « Ce que peu de gens savent, c’est que la vaste majorité de nos interventions sont couvertes par les assurances. À ça, s’ajoute le fait que le délai d’attente est beaucoup plus court. Ce n’est pas un service institutionnalisé, mais bien personnalisé que l’on offre. »

Dans la même lignée, en pointant les faiblesses du système québécois, Suzanne Côté continue de militer pour qu’une plus grande responsabilité soit conférée aux infirmières. « C’est encore très hiérarchisé. Tout vient d’en haut. Les initiatives et l’expertise de celles qui sont dans l’action sont loin d’être entendues. Il y a encore, à ce jour, un cadre rigide qui fait en sorte que la profession d’infirmière est trop limitée dans son pouvoir d’action », plaide-t-elle.